1263 km en Taurus

Le 12 Février 1263km au-dessus des Pyrénées en Taurus.

8H39 départ du ressaut de l'Arbizon


C'était le jour parfait, mais tout à fait inattendu!

Retour mercredi 9, comme je faisais du ski dans les Alpes, Manu et Jean-Pierre m'ont interrogé sur les prévisions d’onde de Sud sur les Pyrénées pour le dimanche 12 février.

Je leur ai dit que je ne pourrais pas voler, comme je skiais avec ma famille jusqu'à samedi après-midi.

La prévision était "moyenne mercredi", mais le vendredi elle s'est nettement améliorée (j'utilise plusieurs sites: Windyty, Top Meteo et Meteo France maille fine) "Meteo France maille fine" est très précis mais ne donne prévisions que 36 heures à l'avance.

Finalement, j'ai décidé de voler dimanche juste le lendemain de mon retour sur Toulouse très tard le samedi. L'heure de rendez-vous a été fixée avec Louis Mesnier, pilote de deltaplane, à 06h15 départ Toulouse pour se rendre à St Gaudens.

Je suis à une heure de route de l'aérodrome de St Gaudens, parfaitement situé à 3 minutes de la sortie de l'autoroute. Je pense que l'aérodrome de St Gaudens est le meilleur endroit en France voire en Europe pour réaliser de très grands circuits et ceux dans toutes les conditions: En onde (nord ou sud) et même en thermique en été (Espagne ou France).

L'esprit de l'équipe de St Gaudens est tout simplement étonnant avec une dynamique puissante pour les grands vols sous la supervision de Robert Prat et la direction de Sébastien Nore qui entraine tout un groupe pilote très sympa.


7H56 décollage

Avec Louis, nous sommes arrivés à environ 07h 30 AM et avons décollé juste avant 08h 00.


Les Pyrénées étaient bouchées sur le côté Espagnol, mais quelques rotors matérialisaient bien les ressauts.


Avoir un Taurus avec moteur est une clé pour les grands vols. Avoir un planeur à décollage autonome est un avantage important, car vous pouvez commencer à la position exacte souhaitée, et personnellement je n'hésite pas à monter jusqu'à 3200 mètres ou plus pour être directement dans l'air laminaire et éliminer ainsi la perte de temps et les turbulences dans le sous-ondulatoire.

Ce jour-là, nous sommes entré dans l'air laminaire à seulement 2500 mètres, j'ai arrêté le moteur, et nous avons commencé à monter dans le ressaut. Habituellement, je préfère monter l'altitude maximum autorisée 6000 mètres (FL 195), mais comme nous plafonnions à 4200 mètres, j'ai décidé d'aller vers l'ouest pour atteindre le ressaut de l'Arbizon et celui du Pic du midi de Bigorre. 

Ce jour-là, nous sommes entré dans l'air laminaire à seulement 2500 mètres, j'ai arrêté le moteur, et nous avons commencé à monter dans le ressaut. Habituellement, je préfère monter l'altitude maximum autorisée 6000 mètres (FL 195), mais comme nous plafonnions à 4200 mètres, j'ai décidé d'aller vers l'ouest pour atteindre le ressaut de l'Arbizon et celui du Pic du midi de Bigorre. 

Nous avons perdu 1000 mètres en seulement 20 km, mais atteint directement l’onde de l'Arbizon où nous sommes monté à 5600 mètres.

Le vent n'était pas très fort 75km/h dans le 200 °, ce qui est très bien pour l’onde de Sud. Lee ressauts étaient bien matérialisés même si la nébulosité était assez forte.

Une de mes grandes questions que j'avais sur le vol d’onde, était à quelle vitesse dois-je voler dans l’onde connaissant la polaire du planeur ? 
L'ordinateur LX 9070 fait un excellent travail avec le calcul Mac Ready, mais il n'intègre pas la composante de vent. Or il est essentiel, comme les ascendances sont fixés à partir du sol, d'intégrer la composante du vent de face pour déterminer à quelle vitesse voler. 
J'ai réfléchi sur la polaire du planeur pour trouver une règle facile à utiliser en vol, pour voler à la meilleure vitesse en fonction de l'ascendance, du netto vario et la composante face du vent. J'ai donc travaillé sur l'équation quadratique de la polaire (mathématiques pures) pour trouver une règle (je l'ai appelée «Règle de vol d’onde») pour déterminer la vitesse à laquelle je dois voler en fonction de ces 3 paramètres. J'ai aussi découvert que le Taurus a un très bon potentiel de vitesse même avec un vent de face très fort en condition d’onde. Ceci est dû aux bonnes caractéristiques de vitesse moyenne du Taurus (120 km/h à 160 km/h) et au coefficient d'altitude de la vitesse (environ 30% de bonus à 5000 mètres). 

Alors nous avons affiché de 120 à 160 km/h en vitesse indiquée vers l’ouest, et comme le vent était quasi orthogonal à notre parcours, on n'avait que 20 - 25 km/h de composante de face ce qui n'est pas significatif à 5000 mètres.

Une grande difficulté dans l’onde de sud des Pyrénées est de trouver les spots de montée entre Bagnères de Luchon (Sud de St Gaudens) et Pic d'Anie à 100 km à plus à l'ouest. Les ressauts ne sont pas toujours où ils devraient être, ainsi sur la première branche la prudence s’impose.
Je dois remercier Michel Belaygues volant en Apis, et qui malheureusement ne pouvait pas voler ce jour-là.
Il m'a beaucoup aidé à trouver le bon cheminement sur cette partie difficile des Pyrénées et de par les vols que nous avons fait ensemble précédemment.

Mais ce jour-là, les ressauts étaient bien présent et matérialisés à l’Arbizon, au Pic du Midi, à Gourette et au Pic d'Anie, ils étaient tous là comme attendus. 

L’onde était très bonne et plusieurs fois pendant le vol nous avons presque atteint la survitesse et dû mettre les AF pour rester en dessous du FL195 avec parfois un vario netto à plus de +6 m/s. 

Théoriquement les nuages de rotor ne se déplacent pas par rapport au sol, mais je trouve que c'est assez faux, le rotor se déplace toujours poussé par le vent, mais il disparait, et un nouveau est généré quelques kms au vent de ce dernier. 

Et donc, il n'est pas évident d'être bien placé par rapport au rotor (rester au vent du petit rotor le plus au vent). Donc chaque fois j'essaie d'être bien positionné, mais je vérifie toujours d'être à la bonne distance de la crête de la montagne en appliquant la règle "Robert Prat". 

Sa règle fonctionne parfaitement et il est étonnant de voir à quel point elle est précise. J’utilise tout l’avantage d'avoir une carte haute résolution sur mon LX9070, ceci me donne une parfaite précision de positionnement. 

Ainsi ce jour-là nous avons glidé assez vite jusqu’au premier virage Sant Esteban au sud de Biarritz. Le cheminement était facile et nous sommes restés tout le temps haut aux environ de 5500 mètres. 

Nous tournons à 10h30, 2 heures après que nous ayons commencé le circuit


10h28 Ressaut très bien matérialisé au point de virage Ouest, San Esteban

Le retour vers l’Est a été encore plus facile en utilisant ma trace aller sur le LX9070 avec les zones de vario netto positifs en couleur

Comme le ressaut était très bien matérialisé à Barèges, j'ai décidé de le prolonger, et donc on a pris la direction de Luchon puis du Val d'Aran. 

Nous avons continué dans la vallée de l'Ariège vers Ax les thermes en appliquant la règle de Robert puis demi-tour à Roc Blanc (sud Carlit) à 12h30 car l'humidité de l'Est détruisait l’onde après La Llagone.


Ce type de vol d'onde se passe en grande partie dans la LTA Pyrénées de classe E jusqu'au FL195.
Mais deux AWY orientées S/N coupent cet espace "libre", une AWY A29 au sud de St Girons et une autre AWY B31 plus à l'Est vers La Llagonne. Ces deux AWY sont de classe D, une clairance avec radio et transpondeur auprès de Bordeaux Contrôle est obligatoire pour leur traversée.


Pendant ce vol, de même que pour les autres planeurs de notre club, nous avons obtenu facilement les clairances de traversée et les contrôleurs nous ont aimablement facilité la tâche, avec parfois des informations de traffic très opérationnelles pour croiser des appareils IFR.


Un grand merci à ces contrôleurs pour leur bienveillante efficacité.


Une heure plus tard 11h33 le ressaut est parfaitement matérialisé vers l'EST.

Le deuxième passage à San Esteban a été encore plus facile avec l’onde qui est resté remarquablement stable et avec des ressauts bien matérialisés. Nous nous sommes arrêtés seulement trois fois pour reprendre quelques centaines de mètres. On est arrivé à 14h44 sur Sant Esteban, et bien que je voyais qu’il était possible de faire près de 100 km de plus vers l’ouest matérialisé par un magnifique lenticulaire, je voulais "sécuriser" le 1000 km.

13h16 Au Col de Peyresourde, direction Santesteban pour la deuxième fois

J'ai donc décidé de faire demi-tour pour faire à nouveau le Carlit. 

En revenant vers l’Est on s'arrête seulement 2 fois 4 minutes, et nous avons fait les 310km en 1h45 arrivant au Carlit à 16h32.


Avec le "vautour des Pyrénées" Louis Mesnier à San Esteban lors du deuxième passage.

J'ai réalisé 1130km en Netcoupe (Olc 3 points) et j'avais encore 2h15 de potentiel de vol. Mais notre bouteille d'oxygène était à peu près vide, alors même si 150 km de plus était réalisable en olc 5 points (en direction de l’ouest à nouveau), j'ai décidé de revenir à Saint Gaudens ce qui a fait finalement 1263 km en Olc. 


 

C'était une journée parfaite, même si parfois la visibilité n'était top, les ressauts étaient très bien marqués, sans perturbation qui rentre fréquemment à l’Ouest en fin de journée. 

Même si la théorie me l’indiquait, j'ai été très étonné par la vitesse que le Taurus peut atteindre sur un circuit. 

Sur les quatre dernières branches, on a volé 1035 km en 6h40 soit une vitesse moyenne de 155 km/h (ou 157 km/h si la même altitude départ - arrivée). 

Mon rêve s’est réalisé... 

Gil Souviron


Gil & Louis – Heureux à 6000 …